La perversion narcissique procède par fusion-acquisition. Il y a un aspect fusionnel, passionnel, transgressif, jouissif, exaltant, valorisant à être dans cette relation duelle. Ce pourquoi le sujet a du mal à voir cela de prime abord comme du sadisme. Or, cela s’accompagne d’une volonté de domination et de contrôle, de destruction de la subjectivité, par nostalgie d’une relation mère-enfant qui n’a jamais réellement eu cours.

Le pervers apprécie le sujet, à condition d’être son miroir, d’être réduit à ce qu’il s’imagine, de correspondre à une image préétablie, de s’adapter à son fantasme, de le flatter, de lui obéir, de changer, d’être à son service, bref d’osciller entre souffre-douleur et trophée. Cela plaît à certains mais peut s’avérer rapidement étouffant. On en vient rapidement à déplorer l’absence de limites, de repères et à tenter de faire appel à la fonction paternelle. Eclate au grand jour cette conjoncture sadomasochiste plus répandue qu’il n’y paraît.

Elle témoigne avec émoi et effroi du sadisme de la vie quotidienne, problématique centrale du « lien » social. Elle est le reflet d’une société focalisée sur l’enfant-roi, où le sujet est harassé, harcelé, happé, appâté, accaparé par l’autre sans guère de perspective d’échappatoire.